Comment allons-nous trier nos déchets dans les années à venir ?
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à deux évolutions majeures du geste de tri amorcées en 2018 et dont la généralisation à l’ensemble du territoire est prévue à l’horizon 2025. La généralisation de l’extension des consignes de tri et du tri à la source des biodéchets. Que signifient ces termes barbares ? Comment ces nouvelles règles vont changer nos habitudes et quels sont les enjeux écologiques et économiques qui les motivent ? On vous explique tou
Le futur du tri à l'horizon 2025 🔭
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à deux évolutions majeures du geste de tri amorcées en 2018 et dont la généralisation à l’ensemble du territoire est prévue à l’horizon 2025. La généralisation de l’extension des consignes de tri et du tri à la source des biodéchets. Que signifient ces termes barbares ? Comment ces nouvelles règles vont changer nos habitudes et quels sont les enjeux écologiques et économiques qui les motivent ? On vous explique tout ⬇️
Avant de rentrer dans le vif du sujet et afin d’éviter toute confusion, petit rappel sur la nuance entre le tri et le recyclage. Le tri est effectué par les particuliers, c’est la première étape vers le recyclage. Une fois triés, les déchets sont collectés pour être acheminés vers les centres de tri. Un nouveau tri va s'effectuer pour séparer cette fois-ci les emballages aptes à être recyclés de ceux qui seront incinérés ou enfouis selon les cas. C’est seulement une fois cette étape de surtri effectuée que les emballages sélectionnés sont recyclés et peuvent retrouver une seconde vie (voire plus, jusqu’à l'infini pour le verre !). Mais la aussi ce n’est pas si simple.
Si certaines matières comme le verre ou l'aluminium peuvent se recycler à l’infini, mais d’autres comme le plastique perdent en pureté / qualité au fil des cycles jusqu’à sortir du circuit du recyclage. On abordera ce point plus en détails dans un futur article.
Cela entraîne des écarts de chiffres pouvant prêter à confusion. Par exemple, 65 % du plastique est trié, mais seul 28 % est recyclé.
Généralisation de l’extension des consignes de tri à l’horizon 2025
D’ici 2025, l’extension des consignes de tri pour tous les emballages devrait être effective partout en France. Mais concrètement, qu’est-ce qui va changer ?
Simplifier le tri pour les particuliers
Le but principal de cette mesure est de faciliter le geste de tri pour toute la population. L’extension des consignes de tri permettra de mettre dans la poubelle de tri l'ensemble des emballages.
Jusqu’alors, seuls les bouteilles, bidons et flacons en plastique, les emballages cartons (lait, jus de fruit…) ainsi que les boîtes métalliques étaient concernées par la poubelle de tri. À compter de 2025, viendront s’ajouter l'ensemble de nos emballages : pots, barquettes, blisters, opercules…
Le geste de tri est dans l'esprit des Français, c’est le premier geste environnemental et le second geste citoyen. Il reste encore du chemin pour qu’il devienne systématique et surtout sans erreurs. C’est l’objectif principal de la simplification du tri.
Les objectifs de l’extension des consignes de tri
- Simplifier le tri
Simplifier, c’est limiter les erreurs de tri en ôtant le doute lors du geste de tri (tous les emballages dans la même poubelle), actuellement 4 Français sur 5 hésitent au moment de trier.
C’est également rendre le tri plus accessible afin de le faire entrer dans le quotidien des Français. Que cela devienne un automatisme et non plus une tâche à laquelle il faut penser.
- Augmenter le taux de recyclage
L’objectif annoncé : doubler le taux de recyclage des emballages plastiques et que cette dynamique se répercute sur les autres déchets.
La simplification du tri va entraîner une augmentation des flux de déchets vers les centres de tri. Des investissements importants néanmoins nécessaires pour moderniser les infrastructures afin de mieux capter, séparer et préparer les emballages au recyclage.
La France se place déjà comme le premier détenteur européen de brevets relatifs au recyclage des plastiques (totalise 60 % des brevets avec les États-Unis)*.
L’extension devrait conforter cette dynamique en boostant les investissements en Recherche et Développement afin de toujours mieux traiter les déchets quantitativement et qualitativement.
*Selon une étude de l’Office européen des brevets
L’extension des consignes de tri porte déjà ses fruits. En vigueur à l’heure actuelle pour la moitié des Français (35 millions), on en mesure déjà les retombées positives.
C’est trois kilos d’emballages recyclés en plus par personne soit 51 000 tonnes chaque année.
Les acteurs derrière l'extension des consignes de tri
Citeo est l’acteur français de la REP, Responsabilité Elargie des Producteurs, pour les papiers et les emballages ménagers. Inscrit dans le code de l’environnement, celui-ci signifie que le producteur ou distributeur est responsable de (et finance) l’élimination des déchets provenant de leurs produits.
Sans but lucratif, Citeo est donc financée par les entreprises pour prendre en charge la fin de vie, dont le recyclage, des emballages ménagers et des papiers.
L'éco-organisme accompagne financièrement et techniquement les territoires dans l'extension des consignes de tri. Au total, 190 millions d’euros sont engagés dans le cadre de ce plan via 5 vagues d’appels à projets successives jusqu’en 2022.
D’autres acteurs sont impliqués dans cette transformation :
- Les collectivités, en première ligne, c’est sur leur territoire et sur leurs administrés que les changements s’opèrent.
- Les conseils régionaux et départementaux.
- Les opérateurs (collecte, tri et recyclage).
- L’Etat avec l’ADEME - Agence de la transition écologique.
Une généralisation du tri à la source des biodéchets pour 2025
Les biodéchets sont les déchets issus de l'alimentation et tous les déchets naturels biodégradables.
En France, depuis 2012, toute personne en produisant ou en détenant une grande quantité à l’obligation de les trier afin qu’elle soit revalorisée dans les filières compétentes. La grande distribution, les cantines et restaurants, les marchés, les industries agro-alimentaires sont concernés.
La loi AGEC du 10 février 2020 et relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, prévoit d'étendre la valorisation des biodéchets par le tri à la source à l’ensemble de la population d’ici le 1er janvier 2024.
L’impact potentiel d’une généralisation du tri à la source des déchets organiques
Les déchets organiques représentent 35 à 40 % de la poubelle. Le tri à la source va permettre d’organiser le compostage des biodéchets et donc les transformer en fertilisation de qualité. Issu de l’économie circulaire, ce sera une alternative aux engrais chimiques industriels (importé, non renouvelable…)
Un enjeu climatique : Une augmentation de seulement 0,4% de matières organiques dans le sol, indirectement, compenserait l’augmentation des émissions de Co2. En effet les nouveaux organismes présents dans le sol capteront le CO2.
Un impact environnemental : augmente la qualité des sols. Bénéfice pour l’agriculture et les terrains (moins d'érosion, coulée de boue…)
Une valorisation énergétique : processus de méthanisation des biodéchets. Un biométhane renouvelable, stockable en renfort du gaz naturel.
Source : PAPREC
Le tri à la source des biodéchet chez les ménages
Initiés et soumis à consultation par le ministère de la Transition écologique, deux projets de textes (décret et arrêté) ont vu le jour afin de généraliser le tri à la source des biodéchets à l'ensemble de la population.
Les Français veulent s'engager davantage dans la gestion de leurs déchets pour la cause écologique :
- 69 % souhaitent avoir un point de collecte pour leurs biodéchets, ce chiffre monte à 81 % pour les moins de 35 ans.
- 78% en ville
- 76 % pensent que leur foyer pourrait produire moins de déchets
Sondage OpinionWay sur le compostage des biodéchets (Oct.2020)
Comment les collecter ?
Pour organiser la collecte de ces déchets, trois solutions :
- Intégrer la poubelle biodéchet dans le cycle de collecte des opérateurs, au même titre que la poubelle verte ou jaune.
- A la manière du verre, quadriller le territoire avec des bornes de récupération des biodéchets.
- Compostage domestique. Laisser la gestion aux ménages souhaitant les transformer en compost pour leur usage personnel.
Plusieurs villes ont déjà initié cette démarche : Niort, Pau ou Arras… mais également de grosses agglomérations telles que Lille, Rennes ou Bordeaux.
Un projet réalisable : 7 % des Français sont déjà couverts par ce dispositif - en Italie c’est 70 % !
Objectif visé : 55 % des déchets ménagers recyclés en 2025, 60 % en 2030 et 65 % en 2035
Source : PAPREC
Comment valoriser ses biodéchets soi-même.
Une des solutions pour le prélèvement à la source, c’est le compostage de proximité. On vous explique comment transformer vos biodéchets en terreau, engrais…
La base de votre compost sont toutes les ordures générées dans la cuisine (épluchures, noyaux, coquilles, restes de plat, peaux…).
Pour le transformer en compost, trois solutions :
- Pour les appartements : le lombricompostage. Procurez-vous un vermicomposteur. Il possède des vers de terre, champion en compostage. Installez-le sur votre balcon ou en intérieur (ne produit pas d’odeur) et obtenez du compost fait maison !
- Pour les maisons individuelles, installez un bac dans votre jardin et laissez la nature faire. Il faut tout de même surveiller que le contenant ne devienne pas trop sec ou trop humide.
- Compostage en tas, pour les grands jardins ou les compostages collectifs. Il suffit d’entasser les déchets dans un coin du jardin et être patient. Attention ce n’est pas la méthode la plus efficace, elle peut prendre du temps et est à la merci des animaux indésirables.